24 novembre 2024
Pau : une conférence de presse en contradiction avec la déclaration finale.
L’expression de l’ambiance autour de la table de la conférence de presse à Pau montrait le degré de pression qui a prévalu dans la salle à huit clos. Pour la première fois, nous avons vu une France déboussolée, dégringolante, comme un ressort qui vacille en quête d’un équilibre pour une hégémonie qui semblait perdue. La France a joué sa dernière carte qu’elle sait manier le plus : la carte de la terreur. La France sait que sa perte de Kidal sera la fin de son hégémonie en tant que puissance mondiale en ce 21ème siècle. Elle joue sa survie à Kidal dont le retour au pouvoir central de Bamako est conditionné aux accords politiques qu’elle a exigés.
Souvenez vous que la Rencontre de Pau avait pour but de clarifier « si les 5 chefs d’Etat du G5 Sahel avaient besoin de la France et de la Communauté internationale ». A la conférence, c’est le Président Français, Macron qui s’exprimait à leur place. Prenant la Parole en tant que Président en exercice du G5 Sahel, Roch Marc Christian KABORE énonce point par point les questions abordées et les propositions retenues. Dans le camp Français la panique monte au fur et à mesure que le temps s’égrène à telle enseigne que Macron perd son équilibre en recherchant autour de lui un ADO ou un Sall pour réciter sa volonté exprimée à huit clos. Le Président KABORE continue son exposé mais avec une extrême prudence. Macron attend avec impatience le nom de la France. L’exposé du Président KABORE devient long. Macron s’incline pour regarder le Président KABORE dans les yeux, c’est la grande France qui venait de s’incliner sur un angle de 20° à 30° de la table de conférence autour des Présidents terrorisés. Comme si les Présidents Africains ont été menacés en ces termes : « Ce que vit le Niger, n’est rien à comparer à ce qui arrivera si vous rejetez l’aide de la France ». Autrement dit « un Etat qui demandera à l’armée Française de ne plus être là, nous le quitterons » et cela s’entend dans tous les sens. Pour l’ironie du sort, KHADAFI ne voulait pas du tout de la présence militaire française sur son territoire, vous comprenez où se trouve la Libye actuellement. Ainsi le statut de Kidal, cher au Président du Niger peut donc être oublié. Dans la déclaration finale, la France autorise le retour à Kidal de l’administration civile, mais pas explicitement de l’armée malienne qui doit alors patienter le temps que Kidal revienne au Mali. Un impératif pour permettre à la France de rester aussi longtemps qu’il veut au Sahel. Le Président KABORE termine enfin son exposée dans les divers par la nécessité de l’intervention de la Communauté Internationale avec l’obligation de préciser que quiconque veut aider le sahel doit se soumettre au plan élaboré par la France. Tout est fait ; la France reprend son équilibre. Pour limiter les dégâts pour la France par l’imprévisibilité du Président KABORE, la multitude de journalistes n’a eu droit qu’à deux questions posées par un seul journaliste dans un protocole d’interview prédéfini. Dans la panique d’avoir à faire à des questions embarrassantes, Macron a violé le secret du protocole d’interview. Il déclare que seules les questions prédéfinies seront autorisées. -A la seule réponse du Président KABORE à la question qui lui a été adressée, suffit pour susciter l’embarras du Président Macron. Le Président KABORE dénonce la mauvaise gestion des fonds issus de la contribution de l’Union Européenne entièrement gérés par la France trésorière du G5 Sahel. Il faut préciser que les dits fonds étaient destinés exclusivement à l’achat d’équipements militaires et d’armement lourd. Parmi ces armements, il y a 50 blindés que la société Arquus France tarde à livrer. Rappelez vous que les autorités Burkinabè s’étaient déjà plaintes officiellement sur la supposée lenteur que la société française Arquus observe dans la livraison des dits équipements.
Nous pouvons lire dans la Lettre du Continent (LC n°782) : « La première contribution européenne de 100 millions € avait été largement gérée par Expertise France, qui avait supervisé l’achat d’une cinquantaine de blindés Bastion du constructeur Arquus et de divers équipements non létaux (gilets pare-balles, etc.,». En voulant justifier l’accusation du Président du G5 Sahel sur la gestion calamiteuse des fonds décaissés, Macron fait un aveu de détournement de fond. Il déclare qu’une partie des fonds ont été utilisés pour payer ses soldats sur le front. Dans le code de procédure pénal français l’article 432-15 prévoit que « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, un comptable public, un dépositaire public ou l’un de ses subordonnés, de détruire, détourner ou soustraire un acte ou un titre, ou des fonds publics ou privés, ou effets, pièces ou titres en tenant lieu, ou tout autre objet qui lui a été remis en raison de ses fonctions ou de sa mission, est puni de dix ans d’emprisonnement et de 1 000 000 euros d’amende ». Les Chefs d’Etat à l’unanimité ont refusé de reconnaître l’existence d’un sentiment anti Français au sein de leurs populations. D’ailleurs aucun Français résident dans l’espace G5 Sahel n’a été pris à partie par des manifestants hostiles à la FrançAfrique. En outre les rapports des services de renseignement, mettant à nu le double jeu de la France, qui légitiment les plaintes des populations, oblige la France à oublier son exigence de voir les Dirigeants du G5 Sahel désavouer publiquement leurs populations qui contestent la présence de l’armée française. Il faut ajouter que les Chefs d’Etat africains à l’unanimité ont estimé que la présence de l’armée française ne peut être considérée comme un acte de générosité, bien au contraire, c’est une réparation d’un tort né à partir du chao Libyen. Mais pour la France, les Africains sont suffisamment dépourvus de capacités intellectuelles pour comprendre sa politique géostratégique au point de se révolter. Pour Paris, si les Africains dénoncent son double jeu et sa politique néocolonialiste, c’est qu’ils sont intoxiqués par une grande puissance. Il estime que seuls les français viennent mourir pour les Africains sur le sol africain. Ce qu’il a oublié de préciser, c’est qu’aucune autre puissance ne détient 50% des réserves de change de ces pays africains. Aucune autre puissance n’exploite l’uranium du Niger, aucune autre puissance n’a envoyé son armée déloger le Président GBAGBO de son Bunker. Aucune autre puissance n’a brandi la carte du terrorisme pour obtenir les contrats d’exploitation du pétrole au Sénégal, de la réhabilitation du Chemin de fer Abidjan Ouaga. Aucune autre Puissance n’est venue s’entendre avec les rebelles et terroristes du 28 au 29 Janvier 2013 pour occuper Kidal. Aucune autre puissance ne fournit du FCFA au Nord Mali. Aucune autre puissance ne convoque les Chefs d’Etat africains comme un Général donne des ordres à ses soldats. Les populations tenues en esclavage dont certaines se noient dans la méditerranée sont les mêmes populations qui subissent les dures réalités du terrorisme au Sahel. A la seule différence que la France « généreuse» très préoccupée de la “sécurité des mêmes Africains“ n’a jusque là déployé aucun soldat pour secourir et lutter contre l’esclavage, les noyades en méditerranée et la vente d’organes d’africains en Libye. La fin du terrorisme commence par la restitution de Kidal à l’armée Malienne. Nos Chefs d’Etat doivent impliquer les populations en dévoilant les menaces de la France qu’ils subissent au quotidien. Nous avons besoin de Dirigeants fous capables de violer les règles de la diplomatie nuisible pour exposer à la place publique les combines de la France. La faiblesse de la France se trouve dans son opinion publique.
Aussi longtemps que la France sera le maître de la sécurité au Sahel avec le silence complice de nos Dirigeants, la fin prochaine de ce « terrorisme qui nous est imposé » selon leurs termes, sans identifier leur auteur, sera un leurre. Œil D’Afrik.
Le Président
Larba Israël LOMPO
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