19 septembre 2024

L’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) a présenté son rapport d’audit sur la présidence, la primature et l’Assemblée Nationale le 9 mars 2023 à Ouagadougou. Il ressort dans ce rapport au titre du contrôle de l’Assemblée Nationale, que les évacuations sanitaires ont coûté plus de 426 millions de F.CFA au parlement de 2018 à 2021. 

La question des évacuations sanitaires a toujours été sensible au Burkina Faso. Lors d’une conférence publique sur ce sujet le 22 décembre 2017, M. Fulgence Tanga, président du Club de l’Union africaine/Burkina Faso, déclarait qu’une évacuation sanitaire coûtait en moyenne entre 10 et 25 millions de FCFA, et que l’État burkinabé déboursait plus d’un milliard 400 millions de FCFA chaque année pour ces évacuations.

En 2022, lors d’une interview accordée à Libreinfo, Dr Bernard Sanon, secrétaire général du Syndicat des Travailleurs de la Santé Humaine et Animale (SYNTSHA), expliquait qu’il pouvait y avoir des évacuations de complaisance, car certaines autorités pouvaient user de leurs relations pour en bénéficier. Cette pratique mettait en lumière les inégalités et abus liés aux évacuations sanitaires.

Le 19 novembre 2022, le Premier ministre Me Apollinaire Kyélem, lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée Législative de Transition (ALT), affirmait que les évacuations sanitaires aux frais de l’État seraient limitées voire supprimées. Il soulignait que le système de santé n’évoluait pas significativement parce que les dirigeants n’en étaient pas dépendants, créant ainsi un système à double vitesse : l’un pour les élites de l’État et l’autre pour la population générale.

L’Autorité Supérieure de Contrôle d’État et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC), dans son dernier rapport d’audit, a constaté des irrégularités dans les évacuations sanitaires. Une somme globale de 426 137 725 FCFA a été déboursée pour 90 dossiers de prise en charge de soins à l’étranger, sans que ces dossiers ne respectent la réglementation en vigueur, notamment l’avis du Conseil de santé parlementaire.

Selon le rapport d’audit de l’ASCE-LC, aucun dossier n’avait requis l’avis du Conseil national de santé comme prescrit, et près de

30% des dossiers étaient montés sur simple demande du médecin de l’Assemblée nationale. De plus, certains soins étaient administrés à l’étranger sur la base d’instructions d’appel de fonds, souvent pour ceux qui, à l’occasion d’une mission, se faisaient diagnostiquer une maladie. L’ASCE-LC indiquait également que des personnes non députées ni fonctionnaires parlementaires avaient été évacuées aux frais de l’Assemblée nationale, révélant ainsi un système de santé publique à deux vitesses favorisant les élites.

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